L'ARDEUR: Pierre Boullé
20e Printemps des Poètes
Ankylosé sur les rivages émollients de l’orthographe
Teintée à l’encre bleue
Et paré de généreuses ailes
Tissées de plumes policées,
Icare s’arrache avec peine
Trébuchant sans cesse sur les mots
Dans l’attente d’un coup de vent.
Soudain, l’envol.
Favorisé par Éole, ce passager du ciel,
Déchirant l’azur, se désole :
Cabossés, les mots n’ont plus le même sens .
Ses ailes lui en tombent.
Ou presque. Il se débat.
Se bat encore.
Échappe aux nuages de l’incommunicabilité.
En vain.
Redouble d’efforts.
Plonge vers le large.
Va dans le lointain, où il est peut-être attendu.
Mais on l’attend ailleurs.
Croise un voyageur sans bagage sur la plage.
Suprême espoir.
C’est le rendez-vous de sans-lui.
Trouvera-t-il enfin un ajoupa
Pour éphémère refuge ?
Mots d’hier, où êtes-vous ?
Pierre Boullé
La Baie en poésie