20e Printemps des Poètes

 

L'ARDEUR

Ankylosé sur les rivages émollients de l’orthographe

Teintée à l’encre bleue

Et paré de généreuses ailes

Tissées de plumes policées,

Icare s’arrache avec peine

Trébuchant sans cesse sur les mots

Dans l’attente d’un coup de vent.

 

Soudain, l’envol.

 

Favorisé par Éole, ce passager du ciel,

Déchirant l’azur, se désole :

Cabossés, les mots n’ont plus le même sens .

Ses ailes lui en tombent.

Ou presque. Il se débat.

Se bat encore.

Échappe aux nuages de l’incommunicabilité.

En vain.

Redouble d’efforts.

Plonge vers le large.

Va dans le lointain, où il est peut-être attendu.

Mais on l’attend ailleurs.

Croise un voyageur sans bagage sur la plage.

Suprême espoir.

C’est le rendez-vous de sans-lui.

Trouvera-t-il enfin un ajoupa

Pour éphémère refuge ?

 

Mots d’hier, où êtes-vous ?

 

Pierre Boullé

La Baie en poésie

 

 

 

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